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Par Ghjuvà le 7 Mai 2017 à 10:23
Ils ont longtemps marché
Ils viennent de ces chemins
Où les hommes et les femmes
N'ont jamais eu qu'un coin du feu
Pour y chanter la peine l'amour et le travail
Ils sont des gens du bord de l'eau et de la terre
Là-bas
Chez eux où la parole commence par le chant
Là-bas où le vent de l'histoire des autres
A souvent déchiré la paix sur leurs rivages
Leur laissant au cœur de vieux chagrins
Ne fermez pas la porte
Ils viennent d'une mémoire
Qui n'est pas racontée sur les bancs des écoles
De ces mémoires
Que seules les pierres racontent encore
Ce qu'ils ont au cœur est sur leur visage
Les mots qu'ils disent sont des mots simples
Qui parlent de vie de dignité
Quand d'autres pourraient croire
Que chez eux tout est perdu
Quand d'autres pourraient croire
Que tout s'est arrêté dans les veines de leur avenir
Un jour
On leur a dit que leur langue n'en était pas une
Que leur terre était pauvre
Ils y ont consenti
Ils n'y ont jamais cru
Ne fermez pas la porte
Dans les mains
Comme un geste d'amour du côté humble de la vie
Ils portent un bouquet de leur terre
Pour dire tous les arbres
Toutes les forêts
Tous les amours de chez eux
Dans les mains ils ont aussi une lumière
Comme celle qui brille dans leur maison
Là où ils vivent
Au pied d'une montagne fleurie
Ornée de couronnes de pierres
Petites murailles empreintes des pas
De leurs premiers jardiniers
Là où ils vivent
Au cœur de ces petits villages de pierre grise
Leurs châteaux
Qui portent des noms comme des poèmes
È quandu u primu ragiu si pesa nantu à u Monte Cintu
L'Alcudina o U San Petrone
Quand le jour se lève à Calasima
Leurs rêves à eux parlent de reconnaissance
De fraternité
D'humanité
Quand ils quittent ces châteaux-là
Plus ils s'en éloignent
Plus leurs cœurs y font retour
Mais ce qui les lie à leur terre
Ne les oppose pas à tout ce qui les lie aux hommes
À tous les hommes
À tous les peuples
Ils ne sont pas que différents
Mais tellement semblables
Humains
Faibles et forts à la fois
Ne fermez pas la porte
Parfois il fait nuit sur leur chemin
Leur veilleuse tremble
Il leur arrive de tomber
Et quand chez eux un homme tombe
Quand une âme se perd
Quand un cœur s'égare
D'autres lui donnent la main
Le ciel reste muet
On dit que les portes se ferment
Chez eux
Quand les hommes se taisent
C'est qu'ils n'ont pas de mots pour le dire
C'est qu'ils ont beaucoup à dire
Une blessure
Une envie de guérir
Les mots qui ne leur viennent pas danser sur les lèvres
S'en vont hurler au fond de l'âme
Chez eux
Quand les hommes se taisent
Ce n'est pas pour piétiner la justice
C'est pour lui laisser sa place
Le silence c'est leur révolte
Le silence
C'est leur non violence à eux
Leur cri
Leur frontière
Leur retrait avec l'injustice
Le mot amour
Ils ne le disent qu'avec précaution
Mais il est partout dans l'air
Il est des mots dont ils pensent
Que moins on les prononce
Plus ils se font entendre
Ce soir
Autour du chant qui réchauffe la rencontre de soi
La rencontre de l'autre
Ils cherchent un feu de joie
La fin d'une peine
Ils cherchent ensemble
Le mot
Le regard
Le geste
Qui pourrait faire frémir la montagne
Comme une réponse à tout ce qui trahit
Comme une réponse à tout ce qui oublie .....
GF Bernardini
9 commentaires -
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Par Ghjuvà le 26 Février 2017 à 17:20
Hymne des Roms
Đelem, Đelem
Čerga mala luta preko sveta
Kao pčela od cveta do cveta
Topot konja daleko se čuje
Al´ još dalje pesma odjekuje
Haj cigani
S pesmom rođeni
S pesmom živeli
S pesmom umirali
Čerga mala luta preko sveta
Kao pčela od cveta do cveta
Đelem đelem rum me romenca
Mala dile suakare sukamenca
Haj romale
Haj čavale
Haj romale
Haj čavale
U grudima svakog ciganina
Sve dok živi vatre uvek ima
Ne može ništa da je zgasi
Čak ni suza koja obraz kvasi
Haj cigani
S pesmom rođeni
S pesmom živeli
S pesmom umirali
Gelem gelem
Gelem, gelem lungone dromençar
Maladilem baxtale Rromençar
A Rromalen kotar tumen aven
E chaxrençar bokhale čhavençar
A Rromalen, A čhavalen
Sàsa vi man bari familija
Mudardás la i Kali Lègia
Saren čhindás vi Rromen vi Rromnjan
Maškar lende vi tikne čhavorren
A Rromalen, A čhavalen
Putar Devla te kale udara
Te šaj dikhav kaj si me manuša
Palem ka gav lungone dromençar
Ta ka phirav baxtale Rromençar
A Rromalen, A čhavalen
Opre Rroma isi vaxt akana
Ajde mançar sa lumáqe Rroma
O kalo muj ta e kale jakha
Kamàva len sar e kale drakha
A Rromalen, A čhavalen
http://www.tousauxbalkans.net/Gelem,_Gelem
Lam (Fa) Mi7 Rém
Interprété par Gheorghe Sarău (http://www.old.edu.ro/download/Gelem_gelem.mp3)
Traduction française prise là
J'ai marché, marché sur les longues routes,
J'ai rencontré des tziganes heureux.
J'ai marché, marché au bout du monde,
Et la chance était avec eux.
Ô Rom, toi l'homme, toi l'enfant,
Ô Rom, d'où êtes-vous venus
Dans vos tentes, sur les chemins de fortune.
Où êtes-vous, maintenant ?
Où sont les hommes ? Où, les enfants ?
Comme vous, j'avais une grande famille
Comme vous, les hommes en noirs l'ont massacrée.
Venez avec moi, tous les Roms de la terre
Car les routes tsiganes nous sont ouvertes.
Voici l'heure. Debout, Roms !
Nous ferons ce que nous voudrons.
Ô Rom, toi l'homme, toi l'enfant,
3 commentaires -
Par Ghjuvà le 17 Décembre 2016 à 22:53
Van Gogh
RIMBAUD : Les corbeaux
SEIGNEUR, quand froide est la prairie,
Quand, dans les hameaux abattus,
Les longs angélus se sont tus ...
Sur la nature défleurie
Faites s'abattre des grands cieux
Les chers corbeaux délicieux.
Armée étrange aux cris sévères,
Les vents froids attaquent vos nids !
Vous le long des fleuves jaunis,
Sur les routes aux vieux calvaires,
Sur les fossés et, sur les trous
Dispersez-vous, ralliez-vous !
Par milliers, sur les champs de France,
Où dorment des morts d'avant-hier,
Tournoyez, n'est-ce pas l'hiver,
Pour que chaque passant repense !
Sois donc le crieur du devoir,
Ô notre funèbre oiseau noir !
Mais, saints du ciel, en haut du chêne,.
Mât perdu dans le soir charmé,
Laissez les fauvettes de mai
Pour ceux qu'au fond du bois enchaîne,
Dans l'herbe d'où l'on ne peut fuir,
La défaite sans avenir.
2 commentaires -
Par Ghjuvà le 19 Novembre 2016 à 09:16
Diffusez ses textes, signez la pétition
Asli Erdoğan (Mehmet Kacmaz/nar photos/rea) (image prise sur le site du journal "Le Figaro")
Je réponds à l'appel suivant pour sauver Asli Erdoğan romancière, journaliste, militante des droits de l'homme:
Les écrivains français Tieri Briet et Ricardo Montserrat commencent à rassembler des textes signés de la romancière emprisonnée à Istanbul. Pour exiger sa libération, ces écrits ont vocation à être diffusés de toutes les manières possibles.
« C'est donc la prison à vie qu'ont réclamé, jeudi 10 novembre 2016, les procureurs d'Istanbul contre Aslı Erdoğan ! Et l'emprisonnement d'une romancière jusqu'à sa mort, c'est l'assassinat prémédité d'une littérature qui entend rester libre ! », s’exclament les écrivains français Tieri Briet et Ricardo Montserrat qui diffusent et appellent à diffuser une lettre et des textes de la romancière emprisonnée à Istanbul. « Lisons partout les textes d'Asli Erdogan à voix haute, partageons leur beauté face à un Etat devenu assassin. Jusqu'à la libération d'Aslı Erdoğan ! », lancent-ils. Des textes commencent à être rassemblés et à circuler sur internet. Ils ont vocation à être lus « à diffuser partout dans les théâtres, les librairies, les festivals, les médiathèques... ». Les deux auteurs poursuivent : « Ils appartiennent à tous ceux qui veulent défendre une littérature vivante et impossible à soumettre. Diffusez-les par mail, sur les réseaux sociaux et les blogs, en les affichant sur les murs de nos villes, en les lisant dans les théâtres, les festivals, les Nuit debout, les repas entre amis, partout où vous pourrez ».
La romancière Aslı ErdoğanPhoto : DR (image prise sur le site du journal "L'Humanité")« Je suis née à Istanbul en 1967. J'ai grandi à la campagne, dans un climat de tension et de violence. Le sentiment d'oppression est profondément enraciné en moi. L'un de mes souvenirs, c'est à quatre ans et demi, lorsqu'est venu chez nous un camion rempli de soldats en armes. Ma mère pleure. Les soldats emmènent mon père. Ils le relâchent, plusieurs heures après, parce qu'ils recherchaient quelqu'un d'autre. Mon père avait été un dirigeant important du principal syndicat étudiant de gauche. Mes parents ont planté en moi leurs idéaux de gauche, mais ils les ont ensuite abandonnés. Mon père est devenu un homme violent. Aujourd'hui il est nationaliste. J'étais une enfant très solitaire qui n'allait pas facilement vers les autres. Très jeune j'ai commencé à lire, sans avoir l'intention d'en faire mon métier. Je passais des journées entières dans les livres. La littérature a été mon premier asile. J'ai écrit un poème, et une petite histoire que ma grand-mère a envoyés à une revue d'Istanbul. Mes textes ont été publiés, mais ça ne m'a pas plus du tout : j'étais bien trop timide pour pouvoir me réjouir. Plusieurs années plus tard, à 22 ans, j'ai écrit ma première nouvelle, qui m'a valu un prix dans un journal. Je n'ai pas voulu que mon texte soit publié. J'étais alors étudiante en physique. Je suis partie faire des recherches sur les particules de haute énergie au Centre Européen de Recherche Nucléaire de Genève. Je préparais mon diplôme le jour et j'écrivais la nuit. Je buvais et je fumais du haschich pour trouver le sommeil. J'étais terriblement malheureuse. En arrivant à Genève, j'avais pensé naïvement que nous allions discuter d'Einstein, de Higgs et de la formation de l'univers. En fait je me suis retrouvée entourée de gens qui étaient uniquement préoccupés par leur carrière. Nous étions tous considérés comme de potentiels prix Nobel, sur lesquels l'industrie misait des millions de dollars. Nous n'étions pas là pour devenir amis. C'est là que j'ai écrit Le Mandarin miraculeux. Au départ j'ai écrit cette nouvelle pour moi seule, sans l'intention de la faire lire aux autres. Elle a finalement été publiée plusieurs années plus tard. Je suis retournée en Turquie, où j'ai rencontré Sokuna dans un bar reggae. Il faisait partie de la première vague d'immigrés africains en Turquie. Très rapidement je suis tombée amoureuse de lui. Ensemble, nous avons vécu tous les problèmes possibles et imaginables. Perquisitions de la police, racisme ordinaire : on se tenait la main dans la rue, les gens nous crachaient dessus, m'insultaient ou essayaient même de nous frapper. La situation des immigrés était alors terrible. La plupart étaient parqués dans un camp, à la frontière entre la Syrie et la Turquie. Plusieurs fois, j'ai essayé d'alerter le Haut Commissariat aux Réfugiés de l'ONU sur leur sort. Mais c'était peine perdue. Je ne faisais que nous mettre davantage en danger Sokuna et moi. Puis Sokuna a été impliqué dans une histoire de drogue et il nous a fallu partir. Des amis m'ont trouvé une place dans une équipe de scientifiques au Brésil, qui travaillaient sur ma spécialité. Je pouvais y terminer mon doctorat, mais Sokuna n'a pas pu me suivre. Il a disparu, un an après. Je suis restée seule avec mes remords. Rio n'est pas une ville facile à vivre pour les migrants. J'ai alors décidé de renoncer à la physique pour me consacrer à l'écriture. Mais ce n'est qu'à mon retour en Turquie que j'ai écrit La Ville dont la cape est rouge, dont l'intrigue se passe à Rio. L'héroïne est une étudiante turque, qui se perd dans l'enfer de la ville brésilienne. J'étais étrangère au Brésil, mais aussi étrangère en Turquie. Je ne me sens chez moi que lorsque j'écris. Vingt ans plus tard, aujourd'hui, je me sens toujours comme une sans-abri. J'aime bien Cracovie, je pourrais y rester encore longtemps, mais je sais bien qu'il faut laisser la place à ceux qui attendent un asile. Il faudra bien que je retourne en Turquie. En attendant, chaque jour, je me dis que dans mon pays tout le monde sait bien que je suis devenue l'écrivaine turque la plus populaire. Tout le monde le sait, mais pourtant tout le monde se tait. C'est sans doute cela, aujourd'hui, l'exil le plus terrible ».
Aslı Erdoğan (Pascal Hée)
Lettre de prison
Chères amies, collègues, journalistes, et membres de la presse, Je vous écris cette lettre depuis la prison de Bakırköy, au lendemain de l’opération policière à l’encontre du journal Cumhuriyet, un des journaux les plus anciens et voix des sociaux démocrates. Actuellement plus de 10 auteurs de ce journal sont en garde-à-vue. Quatre personnes dont Can Dündar, (ex) rédacteur en chef, sont recherchées par la police. Même moi, je suis sous le choc. Ceci démontre clairement que la Turquie a décidé de ne respecter aucune de ses lois, ni le droit.
En ce moment, plus de 130 journalistes sont en prison. C’est un record mondial. En deux mois, 170 journaux, magazines, radios et télés ont été fermés. Notre gouvernement actuel veut monopoliser la “vérité” et la “réalité”, et toute opinion un tant soit peu différente de celle du pouvoir est réprimée avec violence : la violence policière, des jours et des nuits de garde-à-vue (jusqu’à 30 jours)… Moi, j’ai été arrêtée seulement parce que j’étais une des conseillères d’Ozgür Gündem, “journal kurde”. Malgré le fait que les conseillères n’ont aucune responsabilité sur le journal, selon l’article n°11 de la Loi de la presse qui le notifie clairement, je n’ai pas été emmenée encore devant un tribunal qui écoutera mon histoire.
Dans ce procès kafkaïen, Necmiye Alpay, scientifique linguiste de 70 ans, a été également arrêtée avec moi, et jugée pour terrorisme. Cette lettre est un appel d’urgence ! La situation est très grave, terrifiante et extrêmement inquiétante. Je suis convaincue que le régime totalitaire en Turquie, s’étendra inévitablement, également sur toute l’Europe. L’Europe est actuellement focalisée sur la “crise de réfugiés” et semble ne pas se rendre compte des dangers de la disparition de la démocratie en Turquie. Actuellement, nous, -auteurEs, journalistes, Kurdes, AléviEs, et bien sûr les femmes - payons le prix lourd de la “crise de démocratie”. L’Europe doit prendre ses responsabilités, en revenant vers les valeurs qu’elle avait définies, après des siècles de sang versé, et qui font que “l’Europe est l’Europe” : la démocratie, les droits humains, la liberté d’opinion et d’expression…
Nous avons besoin de votre soutien et de solidarité. Nous vous remercions pour tout ce que vous avez fait pour nous, jusqu’à maintenant. Cordialement.
Aslı Erdoğan,
le 1er novembre 2016
Prison Bakırköy Cezaevi, C-9, Istanbul
Traduit du turc par le site KedistanAsli Erdogan (http://www.aslierdogan.com/en/biography.asp)
Si l’on veut écrire, on doit le faire avec son corps nu et vulnérable sous la peau… Les mots 10 ne parlent qu’avec les autres mots. Prenez un V, un I et un E et vous écrivez Vie. À condition de ne pas vous tromper dans l’ordre des lettres, de ne pas, comme dans la légende, laisser tomber une lettre et tuer l’argile vivante. J’écris la vie pour ceux qui peuvent la cueillir dans un souffle, dans un soupir. Comme on cueille un fruit sur la branche, comme on arrache une racine. Il te reste le murmure que tu perçois en plaçant contre ton oreille un coquillage vide. La vie : mot qui s’insinue dans ta moelle et dans tes os, murmure évoquant la douleur, son qu’emplissent les océans.
« L’écriture est sacrée et il faut la protéger. » Aslı Erdoğan
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