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Marilyn - Pier Paolo Pasolini
Marilyn
Pier Paolo Pasolini, "La rabbia", 1962
Del mondo antico e del mondo futuro
era rimasta solo la bellezza, e tu,
povera sorellina minore,
quella che corre dietro i fratelli più grandi,
e ride e piange con loro, per imitarli,
tu sorellina più piccola,
quella bellezza l’avevi addosso umilmente,
e la tua anima di figlia di piccola gente,
non ha mai saputo di averla,
perché altrimenti non sarebbe stata bellezza.
Il mondo te l’ha insegnata,
Così la tua bellezza divenne sua.
Del pauroso mondo antico e del pauroso mondo futuro
era rimasta sola la bellezza, e tu
te la sei portata dietro come un sorriso obbediente.
L’obbedienza richiede troppe lacrime inghiottite,
il darsi agli altri, troppi allegri sguardi
che chiedono la loro pietà ! Così
ti sei portata via la tua bellezza.
Sparì come un pulviscolo d’oro.
Dello stupido mondo antico
e del feroce mondo futuro
era rimasta una bellezza che non si vergognava
di alludere ai piccoli seni di sorellina,
al piccolo ventre così facilmente nudo.
E per questo era bellezza, la stessa
che hanno le dolci ragazze del tuo mondo...
le figlie dei commercianti
vincitrici ai concorsi a Miami o a Londra.
Sparì come una colombella d’oro.
Il mondo te l’ha insegnata,
e così la tua bellezza non fu più bellezza.
Ma tu continuavi a essere bambina,
sciocca come l’antichità, crudele come il futuro,
e fra te e la tua bellezza posseduta dal Potere
si mise tutta la stupidità e la crudeltà del presente.
La portavi sempre dietro come un sorriso tra le lacrime,
impudica per passività, indecente per obbedienza.
Sparì come una bianca colomba d’oro.
La tua bellezza sopravvissuta dal mondo antico,
richiesta dal mondo futuro, posseduta
dal mondo presente, divenne un male mortale.
Ora i fratelli maggiori, finalmente, si voltano,
smettono per un momento i loro maledetti giochi,
escono dalla loro inesorabile distrazione,
e si chiedono: «È possibile che Marilyn,
la piccola Marilyn, ci abbia indicato la strada ?»
Ora sei tu, la prima, la piccola sorellina,
quella che non conta nulla, poverina, col suo sorriso,
sei tu la prima oltre le porte del mondo
abbandonato al suo destino di morte.
Traduction et repères sur ce site : Chansons de Pasolini.
Du monde ancien et du monde futur
il n’était resté que la beauté, et toi,
pauvre petite soeur cadette,
celle qui court derrière ses frères aînés,
qui rit et qui pleure avec eux, pour les imiter,
(qui porte leurs écharpes,
qui touche, sans être vue, leurs livres, leurs canifs,)
toi, petite soeur cadette,
tu portais cette beauté sur toi humblement,
et ton âme de fille de petites gens,
tu n’as jamais su que tu l’avais,
car sans cela ce n’aurait pas été de la beauté.
(Elle a disparu, comme des poussières d’or.)
Le monde te l’a apprise.
Ta beauté est ainsi devenue sienne.
De l’effrayant monde ancien et de l’effrayant monde futur
il n’était resté que la beauté, et toi
tu l’as portée derrière toi comme un sourire obéissant.
L’obéissance demande trop de larmes avalées,
Se donner aux autres trop de regards joyeux
Qui demandent leur pitié ! Ainsi
Tu as emporté ta beauté.
Elle a disparu comme une poussière d’or.
Du stupide monde ancien
Et du féroce monde futur
Il était resté une beauté qui n’avait pas honte
de faire allusion aux petits seins de la sœurette,
à son petit ventre si facilement nu.
Et voilà pourquoi c’était de la beauté, celle-là même
qu’ont les douces filles de ton monde,
les filles de commerçants
lauréates aux concours de Miami ou de Londres.
Elle a disparu, comme une colombe d’or.
Le monde te l’a apprise,
et ainsi ta beauté ne fut plus de la beauté.
Mais tu continuais à être une enfant,
sotte comme l’antiquité, cruelle comme le futur,
et entre toi et ta beauté possédée par le Pouvoir
se mit toute la stupidité et la cruauté du présent.
Tu la portais toujours en toi, comme un sourire au milieu des larmes,
impudique par passivité, indécente par obéissance.
Elle a disparu, comme une blanche colombe d’or.
Ta beauté réchappée au monde ancien,
demandée par le monde futur, possédée
par le monde présent, devint ainsi un mal mortel.
Maintenant, tes grands frères se retournent enfin,
cessent un moment leurs maudits jeux,
sortent de leur inexorable distraction,
et se demandent : « Est-il possible que Marilyn,
la petite Marilyn, nous ait indiqué le chemin ? »
Maintenant c’est toi, la première, toi la soeur cadette,
celle qui ne compte pour rien, pauvre petite, avec son sourire,
c’est toi la première, au-delà des portes du monde
abandonné à son destin de mort.
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Commentaires
Un texte superbe.marylin un mythe les superlatifs sont naturels
Bon dimanche