• Verdun - Guiducci - Culioli

    J'ai remonté un article ancien publié initialement le 11 novembre 2014.

    Pour le centenaire de cette boucherie.

    Cent ans, 700 000 victimes, 300 nuits. 

    Gagnée ? qu'est-ce qu'on gagne ? Absurde.

    Mais pas seulement. Il y a des responsables.

    V E R D U N

     

     

    J'ai vu pendant trois ans tomber les feuilles mortes

     Sur la tombe entr'ouverte, ou dans le trou béant

     J'ai vu lutter la vie avec le noir néant

     Et du Kaiser grouiller les immondes cohortes...

     

     Verdun ! Parmi tes forts dans la Woëvre lointaine

     Dans tes ravins maudits et sur tes verts coteaux

     Quand l'astre d'or coulait sur toi sa chaude haleine

     J'ai vu sur nos soldats planer de vils corbeaux

     

     J'ai vu les noirs obus foudroyer tes domaines

     J'ai vu, quand la nuit l'ombre couvrait tes plaines

     Nos soldats s'élancer à l'assaut en chantant.

     J'ai vu le feu léchant des ruines, des poussières

     J'ai vu la mort peupler de vastes cimetières

     Et bien des front rougir par son sceptre sanglant.

     

    J'ai vu tes arbres morts dressant au ciel immense

     Leurs moignons suppliants, leurs tronçons mutilés.

     Et quand le vent du nord, en ces lieux désolés,

     Complétait ses forfaits, brisait leur résistance,

     

    J'ai vu leurs troncs maudits secoués de frissons

     Et leurs bras calcinés, faits de branches tremblantes

     Tressaillir tristement, clamer leur épouvante...

     Et j'entendais souvent gémir les noirs buissons !

     

    Et puis parfois aussi, dans l'humide tranchée

     S'écroulant sous l'acier des engins monstrueux

     Quant au corps pantelant, l'âme semble arrachée

    J'ai vu des bras humains se dresser vers les cieux !

     

     J'ai vu des compagnies hâves et décharnées

     S'incliner à genoux dans la plaine ou le bois

     J'ai vu courber leurs fronts devant une humble croix

     Alors que jaillissaient en leurs lèvres fanées

      Des paroles de foi ! J'ai vu cela, tandis

     Que des obus venant des horizons maudits

     Affluaient sans répit de violentes rafales

     Tandis que quelque part, des appels et des râles

     Vibraient plaintivement dans le bruit infernal.

     

      Maintenant se sont tus les sanglots importuns

     Des funestes canons vomissant la mitraille,

     Mais je verrai toujours, éclairant la bataille

     Les tragiques lueurs de ton ciel, O Verdun !

     

    (A. Guiducci, Ajaccio, septembre 1920)

    Verdun - Guiducci - Culioli

     Les tragiques lueurs de ton ciel, O Verdun !

     

     

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  • Commentaires

    1
    Mercredi 12 Novembre 2014 à 09:06

    Bonjour Jean , que je suis heureuse de te retrouver ici ! Je ne savais pas que tu avais "migré".  Merci pour cet hommage et ces témoignages de ce qui fut une énorme boucherie et pas une "Grande guerre" ...Il n'y a pas de "grande guerre". C'est un conflit qui me tient aux tripes probablement parce que je suis belge et que la Belgique a subi les premières atrocités de plein fouet en 1914  lors de l'invasion. Aussi car mes grands-parents paternels venaient de Ypres, ville martyre. J'ai "visité" de très nombreux cimetières et lieux commémoratifs de ce premier conflit mondial tant en Belgique qu'en France ( Nord, Pas-de-Calais, Ardennes ) avec toujours énormément d'émotions de toutes sortes. C'est pourquoi je te dis encore merci !!!!

    Je t'écris encore sur un autre article. Bises . Francine Clio.

    2
    Mercredi 12 Novembre 2014 à 15:31

    Eh oui, j'ai migré, avec tous mes bagages, club-corsica, ça ne fonctionne plus vraiment.

    La guerre, tu as raison, est une boucherie, énorme et pour rien en fait pour ce qui nous concerne nous, les gens. Il faut en parler pour la contenir, inlassablement.

    3
    Dimanche 16 Novembre 2014 à 09:42

    Je ne connaissais pas cette chanson Verdun ", chantée par Culioli ! Merci !

    C'est très émouvant avec toutes ces images en plus!

    Bon dimanche

    4
    Dimanche 21 Février 2016 à 11:15

    Tu as bien fait de remonter cet article : il dit tout ! Même mon com précédent  yes .

    Quand je circule dans "mon Nord" , les cimetières militaires , il y en a partout ; et à chaque fois c'est la même émotion qui me prend pour toutes ces vies gâchées, meurtries dans cette immense boucherie.

    Que ce soit par ici, ou là où ces terribles combats ont eu lieu (la Somme, Verdun) , je vois de belles prairies , mais mes pensées me ramènent à 100 ans en arrière seulement ; à ce moment-là, c'était l'horreur des tranchées.

    Par chez nous, des tranchées ont été reconstituées ; des lieux de mémoire sont en place et actifs ...Ne pas oublier ! Même si je me dis que les hommes ont la mémoire bien courte.

    Il faut que je me remette à mon blog In Flanders Field mais c'est dur , ces souvenirs si proches ; pourtant , faire passer la mémoire, comme toi tu le fais pour la Corse, c'est important.

    Bisou, Jean.

    Francine.

    5
    Dimanche 21 Février 2016 à 14:43
    renee

    une boucheries, mais la guerre est une boucherie et les hommes n'apprennent pas et continue a vouloir la faire!!!!!!!"Triste

    6
    Dimanche 21 Février 2016 à 17:15

    tristes souvenirs, on ne peut et doit oublier.

    7
    Lundi 22 Février 2016 à 20:47

    Bonsoir très bel hommage à tous ces hommes et femmes nous venons vous souhaiter une excellente soirée très belle semaine et peut-être au plaisir de vous relire bise de toute l'équipe Nathalie

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