• Ne fermez pas la porte - Jean-François Bernardini

    Ils ont longtemps marché

    Ils viennent de ces chemins

    Où les hommes et les femmes

    N'ont jamais eu qu'un coin du feu

    Pour y chanter la peine l'amour et le travail

     

    Ils sont des gens du bord de l'eau et de la terre

     

    Là-bas

    Chez eux où la parole commence par le chant

    Là-bas où le vent de l'histoire des autres

    A souvent déchiré la paix sur leurs rivages

    Leur laissant au cœur de vieux chagrins

     

    Ne fermez pas la porte

     

    Ils viennent d'une mémoire

    Qui n'est pas racontée sur les bancs des écoles

    De ces mémoires

    Que seules les pierres racontent encore

     

    Ce qu'ils ont au cœur est sur leur visage

     

    Les mots qu'ils disent sont des mots simples

    Qui parlent de vie de dignité

    Quand d'autres pourraient croire

    Que chez eux tout est perdu

    Quand d'autres pourraient croire

    Que tout s'est arrêté dans les veines de leur avenir

     

    Un jour

    On leur a dit que leur langue n'en était pas une

    Que leur terre était pauvre

    Ils y ont consenti

    Ils n'y ont jamais cru

     

    Ne fermez pas la porte

     

    Dans les mains

    Comme un geste d'amour du côté humble de la vie

     

    Ils portent un bouquet de leur terre

    Pour dire tous les arbres 

    Toutes les forêts

    Tous les amours de chez eux

    Dans les mains ils ont aussi une lumière

    Comme celle qui brille dans leur maison

    Là où ils vivent

    Au pied d'une montagne fleurie

    Ornée de couronnes de pierres

    Petites murailles empreintes des pas

    De leurs premiers jardiniers

     

    Là où ils vivent

    Au cœur de ces petits villages de pierre grise

    Leurs châteaux

    Qui portent des noms comme des poèmes

    È quandu u primu ragiu si pesa nantu à u Monte Cintu

    L'Alcudina o U San Petrone

    Quand le jour se lève à Calasima

    Leurs rêves à eux parlent de reconnaissance

    De fraternité

    D'humanité

     

    Quand ils quittent ces châteaux-là

    Plus ils s'en éloignent

    Plus leurs cœurs y font retour

    Mais ce qui les lie à leur terre

    Ne les oppose pas à tout ce qui les lie aux hommes

    À tous les hommes

    À tous les peuples

     

    Ils ne sont pas que différents

    Mais tellement semblables

    Humains

    Faibles et forts à la fois

     

    Ne fermez pas la porte

     

    Parfois il fait nuit sur leur chemin

    Leur veilleuse tremble

    Il leur arrive de tomber

    Et quand chez eux un homme tombe

    Quand une âme se perd

    Quand un cœur s'égare

    D'autres lui donnent la main

    Le ciel reste muet

    On dit que les portes se ferment

     

    Chez eux

    Quand les hommes se taisent

    C'est qu'ils n'ont pas de mots pour le dire

    C'est qu'ils ont beaucoup à dire

    Une blessure

    Une envie de guérir

    Les mots qui ne leur viennent pas danser sur les lèvres

    S'en vont hurler au fond de l'âme

    Chez eux

    Quand les hommes se taisent

    Ce n'est pas pour piétiner la justice

    C'est pour lui laisser sa place

     

    Le silence c'est leur révolte

    Le silence

    C'est leur non violence à eux

    Leur cri

    Leur frontière

    Leur retrait avec l'injustice

     

    Le mot amour

    Ils ne le disent qu'avec précaution

    Mais il est partout dans l'air

     

    Il est des mots dont ils pensent

    Que moins on les prononce

    Plus ils se font entendre

     

    Ce soir

    Autour du chant qui réchauffe la rencontre de soi

    La rencontre de l'autre

     

    Ils cherchent un feu de joie

    La fin d'une peine

    Ils cherchent ensemble

    Le mot

    Le regard

    Le geste

    Qui pourrait faire frémir la montagne

     

    Comme une réponse à tout ce qui trahit

    Comme une réponse à tout ce qui oublie .....

     

    GF Bernardini

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  • Commentaires

    1
    Dimanche 7 Mai 2017 à 11:26

    Très beau texte, d'actualité, hier, maintenant et malheureusement sans doute dans le futur.

    Bisou et bon dimanche.

    Francine.

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    2
    Dimanche 7 Mai 2017 à 14:21
    renee

    Un texte poignant si terriblement d'actualité......si au moins cela pouvait changer. Bisoussss

    3
    Dimanche 7 Mai 2017 à 17:03

    Un grans succès des Muvrini, avec un beau message de JF Bernardini J'aime bien sûr.

    Bonne soirée.

    4
    Dimanche 7 Mai 2017 à 22:44

    Dommage l'écoute limitée à 30".... Dommage, car le texte est si beau!

    Bisous jean, bonne soirée!

      • Dimanche 14 Mai 2017 à 16:17

        Bonjour, j'ai changé le document pour qu'il ne soit pas limité.

        Bises,

        Jean

    5
    Mardi 9 Mai 2017 à 11:16

    Frustrée de ne pouvoir écouter que 30' de cette belle voix que j'adore... et les textes sublimes...

      • Dimanche 14 Mai 2017 à 16:18

        Bonjour, j'ai trouvé une vidéo YouTube pour que l'écoute ne soit pas limitée.

        Bises,

        Jean

    6
    Lundi 15 Mai 2017 à 09:41

    Mille MERCI pour cette version. Il aurait été dommage que je n'en profite pas. 

    B O U L E V E R S A N T !!!... Frissons ++++ garantis. J'ai dû sortir la boîte de mouchoirs. 

    Quel texte et quelles voix !

    Encore une fois pour ce bonheur partagé. 

    7
    Samantha1D1
    Jeudi 8 Juin 2017 à 21:14

    Salut. Les paroles sont poignantes ! Cela m’a vraiment captivée du début à la fin. Je te remercie beaucoup pour ce partage. En tout cas, ça fait réfléchir !

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