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J'arrive où je suis étranger - Louis Aragon - Jean Ferrat
Accords
Lam
Rien n'est précaire comme vivre
Fa
Rien comme être n'est passager
Rém
C'est un peu fondre pour le givre
Si7 Mi
Et pour le vent être léger
Lam
J'arrive où je suis étrangerLam
Un jour tu passes la frontière
Fa
D'où viens-tu mais où vas-tu donc
Rém
Demain qu'importe et qu'importe hier
Mi
Le cœur change avec le chardon
Lam Fa Mi
Tout est sans rime ni pardonJ'arrive où je suis étranger
Rien n'est précaire comme vivre
Rien comme être n'est passager
C'est un peu fondre comme le givre
Et pour le vent être léger
J'arrive où je suis étrangerUn jour tu passes la frontière
D'où viens-tu mais où vas-tu donc
Demain qu'importe et qu'importe hier
Le coeur change avec le chardon
Tout est sans rime ni pardonPasse ton doigt là sur ta tempe
Touche l'enfance de tes yeux
Mieux vaut laisser basses les lampes
La nuit plus longtemps nous va mieux
C'est le grand jour qui se fait vieuxLes arbres sont beaux en automne
Mais l'enfant qu'est-il devenu
Je me regarde et je m'étonne
De ce voyageur inconnu
De son visage et ses pieds nusPeu à peu tu te fais silence
Mais pas assez vite pourtant
Pour ne sentir ta dissemblance
Et sur le toi-même d'antan
Tomber la poussière du tempsC'est long vieillir au bout du compte
Le sable en fuit entre nos doigts
C'est comme une eau froide qui monte
C'est comme une honte qui croît
Un cuir à crier qu'on corroieC'est long d'être un homme une chose
C'est long de renoncer à tout
Et sens-tu les métamorphoses
Qui se font au-dedans de nous
Lentement plier nos genouxO mer amère ô mer profonde
Quelle est l'heure de tes marées
Combien faut-il d'années-secondes
A l'homme pour l'homme abjurer
Pourquoi pourquoi ces simagréesRien n'est précaire comme vivre
Rien comme être n'est passager
C'est un peu fondre comme le givre
Et pour le vent être léger
J'arrive où je suis étrangerLouis Aragon
Une belle explication à propos du vers "un cuir à crier qu'on courroie" et de l'ensemble du texte : Ce Site
"A travers ce très beau texte d'Aragon sur le temps qui passe, la vieillesse et la mort, le poète entend marquer l’esprit de son lecteur. Aussi met-il à profit un certain nombre d’outils stylistiques qu’il a soigneusement piochés dans sa besace de poète.
« Un cuir à crier qu’on corroie » : quelle étrange façon en effet d’aborder la pulsion de la vie avec ces mots qui convoquent des images très précises.
D’abord remarquez comme la lettre « c » revient frapper nos esprits. C’est que Aragon, par cette allitération de forcené, entend bien marteler la dureté de notre destin. Cette figure de style qui met en jeu des sonorités identiques afin de créer un effet sur le lecteur est un ressort fréquent en poésie.
Et voyez ensuite comme il pousse l’image poétique au point de comparer notre enveloppe charnelle à un cuir que le tanneur aura travaillé. Car oui, le verbe du premier groupe « corroyer » renvoie à cette technique très particulière consistant à préparer des cuirs pour les rendre plus souple après le tannage et leur donner un dernier apprêt. Du reste l’expression rappelle celle bien plus connue d’ « avoir le cuir dur » (autrement dit être fort, résister).
Et regardez enfin comme il anthropomorphise cette même enveloppe charnelle en lui prêtant les cris d’un être vivant qui soufre, gémit, sans doute parce que se frotter à la vie n’est jamais simple affaire et que la rugosité de l’Expérience, tout simplement, l’y incite." SITE
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Commentaires
Aragon interprété par Ferrat, c'est toujours magique mais je ne connaissais pas cette chanson-là. Merci pour la découverte. Bises et belle soirée
Bonsoir Jean . Me voici enfin ! Les petits sont de retour chez eux. Je me demandais quel choix serait le tien ... Je pensais bien que ton choix ne serait pas traditionnel... Hé oui ...sujet absolument de circonstance, hélas ! J'ai vu cette magnifique émission consacrée à Jean Ferrat ; très très belle chanson ... Aragon n'a pas pris une ride et Raphaël l'a interprétée avec beaucoup de sensibilité.Bisou et bon weekend. Francine.
Photo prise à Bray-Dunes (Nord) ce mardi : grand soleil.Encore une fois, très bon choix. Bien que Raphaël ait bien interprété, le poids des mots prend tout son sens avec la voix de Jean Ferrat. MERCI.
Il me faut rétablir la vérité, on n'est pas dans le thème de Mélo ici, mais ailleurs, pour Mélo je n'ai pas su, pas vu, il devrait y avoir des sessions de rattrapage pour les étourdis de mon genre, je la fais de ce pas.
Bises
Jean
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Dimanche 21 Février 2016 à 10:26
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Une magnifique chanson Jean. Bises et bonne nuit Jean